Éclairage Ressources Humaines

Burn-out, dirigeants vous n’êtes pas à l’abri

Rédigé par Rémi Voirin,

Paru dans Burn-out, dirigeants vous n'êtes pas à l'abri

Rédigé par Yann YAMBA, Psychologue du travail – Conseil RH
Paru dans le Gesec Magazine n°249 – Printemps 2020


Le syndrome d’épuisement professionnel ne guette pas seulement les salariés. Stress, manque de sommeil, sur-sollicitation : en raison de leur fonction, les dirigeants d’entreprise sont fortement exposés. Nos conseils pour éviter la surchauffe.

« S’isoler, c’est dangereux »

Il arrive parfois qu’une situation de stress chronique au travail dégénère en burn-out. Encore appelé syndrome d’épuisement professionnel, ce trouble se caractérise par l’épuisement émotionnel (sentiment d’être vidé de ses ressources), la dépersonnalisation (vision négative des autres et du travail, insensibilité au monde environnant…), le sentiment de non-accomplissement personnel au travail (impression de ne pas arriver à répondre correctement aux attentes, de gâchis…).

15% DES DIRIGEANTS DE PME CONCERNÉS

Si la littérature s’intéresse principalement à la situation des salariés, le burn-out concerne aussi les dirigeants. C’est ce que constate l’observatoire Amarok, association qui s’intéresse à la santé physique et mentale des travailleurs non-salariés. Selon elle, 15 % des dirigeants de PME seraient en situation de risque d’épuisement. Les causes sont multiples : stress lié à l’incertitude, manque de sommeil ou sur-sollicitation. Il est vrai que leur fonction les expose en permanence sur tous les plans : administratif, stratégique, organisationnel, managérial, etc.
Dans une étude parue en 2016 en partenariat avec Bpifrance, l’observatoire établit également un lien entre le risque de burn-out du dirigeant et les différentes solitudes auxquelles il est exposé. L’étude en répertorie sept : la solitude dans la décision, la solitude statutaire, relationnelle, professionnelle, la solitude face aux épreuves, la solitude existentielle et l’absence de reconnaissance sociale et de représentation positive.
Il est donc essentiel pour un dirigeant de savoir déceler les signes avant-coureurs du burn-out et, surtout, de se donner les moyens de le prévenir.


Les symptômes du burn-out

N’étant pas reconnu comme une maladie mentale (il s’agit d’un trouble de l’adaptation) et ne figurant pas dans les manuels médicaux, le burn-out est difficile à diagnostiquer car les critères pour le définir restent imprécis. Il se manifeste le plus souvent par des symptômes qu’on peut classer en deux catégories.

  • Symptômes psychologiques et émotionnels : démotivation, isolement, difficulté de concentration, frustration, irritabilité marquée, colère, sentiment d’échec, de perte de contrôle, d’inefficacité, baisse de confiance en soi…
  • Symptômes physiques : fatigue intense et persistante, perturbation du sommeil, perte ou gain de poids, infections survenant plus souvent (rhume, grippe), problèmes digestifs, maux de dos, migraines…

6 conseils pour limiter le risque de burn-out

L’épuisement du dirigeant n’est pas une fatalité. Il existe des solutions à mettre en oeuvre à plusieurs niveaux selon la nature des problématiques rencontrées.

  • Se connaître et être attentif à son niveau d’énergie en se posant des des questions simples : est-il facile de me détendre en ce moment ? Est-ce que j’arrive à maîtriser mes émotions ? Est-ce que je prends le temps de me réjouir de ce que je fais bien, de savourer les résultats positifs que j’obtiens ?
  • Identifier ses propres sources de récupération permettant de recharger ses batteries et ainsi de résister au stress : centres d’intérêt et activités engageantes au niveau cognitif, émotionnel ou comportemental. Ces activités permettent de se consacrer à autre chose qu’au travail et génèrent une sensation de soulagement, de relaxation, de calme pour le corps et l’esprit.
  • Planifier ces sources de récupération dans la journée ou dans la semaine et s’astreindre coûte que coûte à les respecter. S’accorder du temps pour soi et pour sa famille, des moments de détente pour se recentrer, pratiquer une activité sportive ou faire une sieste quotidienne de 20 minutes : autant d’activités qui permettront d’adoucir la sensation d’urgence perpétuelle et agiront comme des soupapes permettant d’évacuer la pression.
  • Mettre en place quand c’est possible ou optimiser un système de délégation pour partager les tâches (cela fait d’ailleurs partie intégrante de l’entrepreneuriat). Déléguer permet au dirigeant de se dégager du temps pour d’autres aspects de son activité. Il est essentiel de savoir souffler et de penser à autre chose, de lâcher-prise, surtout à une époque où les nouveaux modes de travail dans l’entreprise, notamment le tout-digital, densifient et accélèrent le rythme des agendas.
  • Savoir refuser une opportunité de business peut parfois être salutaire lorsque l’activité tourne à plein régime et que l’entreprise fonctionne à flux très tendu. S’engager dans une affaire en n’étant pas certain de pouvoir honorer ses engagements faute de ressources peut être générateur de grand stress et propice à l’apparition d’un burn-out. Le partage de réflexion en Codir peut être une piste pour éviter de tout supporter seul au niveau décisionnel.
  • S’entourer de personnes avec lesquelles échanger est aussi un bon moyen de rompre avec la solitude. Intégrer par exemple un réseau d’entrepreneurs – comme le GESEC ! – ou des associations professionnelles permettra au dirigeant de trouver un soutien social et des réponses à ses problématiques.

La solitude est à la fois une cause précipitante du burn-out et une conséquence. Le fait d’être seul à diriger, à prendre des décisions, génère de l’isolement et ce d’autant plus que l’entreprise traverse des difficultés. Le dirigeant va, en effet, avoir tendance à s’isoler et à travailler beaucoup plus. Du coup, il consacrera moins de temps à ses amis, à sa famille.
Et cela peut le mener à l’épuisement professionnel. Mais il le cachera, car en tant que dirigeant, en tant que leader, en tant que battant, il ne peut et ne veut montrer une image défaillante de lui-même. Il va se laisser enfermer dans son mal-être, dans un cercle vicieux, et il va couper les ponts avec ses amis, avec sa famille et avec ses salariés. Le soutien social, c’est primordial. Je dis aux dirigeants, si vous voulez être bien, surtout ne vous coupez pas des gens qui vous entourent.
S’isoler, c’est dangereux.

Laure CHANSELME, Psychologue au sein de l’observatoire Amarok


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